Dans le cadre du conflit syrien, Jahiz Guemriche, jeune chercheur spécialiste des Gardiens de la révolution iraniens, nous propose une étude sur le recours par ces derniers à la communauté Hazara (communauté chiite d’Afghanistan présente en Iran), sous la forme d’une unité dite « fatimide ».
Vendredi 8 juin 2018, l’organisation « État islamique » reprend une partie de la ville syrienne d’Al-Boukamal dans la région de Deir ez-Zor, près de la frontière avec l’Irak[1]. Quelques mois plus tôt, à l’automne 2017, l’organisation terroriste avait perdu le gouvernorat de Deir ez-Zor et la ville d’Al-Boukamal[2]. La reprise de cette cité fait suite à une campagne menée par le groupe depuis le désert syrien où il s’est maintenu. Les Gardiens de la révolution et des Afghans Hazara de la Brigade des Fatimides (Liwa Fatemiyoun, dont le nom fait référence au califat chiite fatimide [909-1171]) y ont subi plusieurs pertes.
En mai 2018, le général de brigade Mohamed Hassan Ali, de la 17e division, est tué, ainsi que de nombreux membres de la 18e division[3]. Ces combattants afghans sont issus de la communauté Hazara et regroupés au sein de la Liwa Fatemiyoun, où ils seraient entre 5 000 et 20 000. Ces Afghans, dont beaucoup vivent dans la clandestinité en Iran, sont présents sur le théâtre syrien depuis le mois de novembre 2013. Ils ont été recrutés par les Gardiens de la révolution. Outre les enrôlements de force sous la menace d’une expulsion vers l’Afghanistan, les autorités iraniennes incitent les Hazara à partir sur le front en échange d’un salaire, de documents de résidence légale et de funérailles officielles en cas de mort.
L’émigration des Hazara en Iran est ancienne et remonte à la fin du XIXe siècle. Leur présence s’accroît dans les années 1970.
Une brève histoire de la communauté Hazara
Les Hazara constituent une minorité à la fois ethnique et religieuse originaire du centre montagneux de l’Afghanistan, le Hazaristan ou Hazaradjat. Ils sont d’obédience chiite dans un pays à majorité sunnite. Les Hazara sont structurés par des liens de solidarité transfrontaliers. La mobilité est au centre de leur mode de vie et elle ne relève pas nécessairement d’une contrainte imposée par des circonstances extérieures[4]. La migration est le fruit d’un choix planifié par les membres des groupes familiaux afin de diversifier leurs moyens de subsistance[5]. Toutefois, il semblerait que des événements précis influent sur les vagues migratoires des Hazara : les guerres, les cycles saisonniers et les sécheresses.
En état de quasi-indépendance jusqu’à la fin du XIXème siècle, les Hazara commencent à émigrer vers l’Iran à la suite de la conquête de leur territoire lors d’une guerre entre 1891 et 1893 menée par Abdur Rahman dans le dessein d’imposer un pouvoir central unifié dans l’ensemble du pays. Cette guerre fut néfaste pour le système tribal Hazara qui en sortit partiellement désorganisé ; comme le soulignent Tina Gehrig et Monsutti Alessandro, « après ces événements, l’administration de l’État afghan s’est progressivement étendue jusqu’à la sphère locale au cours du XXe siècle, mais n’a jamais réussi à établir une relation de confiance avec les Hazara »[6].
En Iran, les premiers Hazara s’installent autour de la ville sainte de Mashhad, où ils sont dénommés « Berberis »[7]. A partir des années 1970, l’émigration vers l’Iran s’accroît en raison du contexte économique favorable (hydrocarbures), de la sècheresse en Afghanistan et des événements politiques dans le pays depuis 1978[8]. En effet, le 17 avril 1978, c’est la « révolution de Saur » par laquelle Mohammed Taraki et le Parti démocratique populaire d’Afghanistan installent un régime marxiste après le coup d’État contre Mohammed Daoud, le premier président de la République d’Afghanistan entre 1973 et 1978. Les réformes entreprises par le nouveau gouvernement accouchent d’une guerre civile durant laquelle l’Union soviétique envoie des troupes dans le pays en décembre 1979. De cette guerre résulte une migration de 4 millions d’Afghans dans les pays voisins et un déplacement de 3 millions à l’intérieur du pays[9].
Dès lors, la vie politique afghane semble caractérisée par des tensions entre le gouvernement central et les loyautés locales ou tribales[10]. Ces frictions sont antérieures au coup d’État communiste de 1978 et font état d’une faiblesse du lien national entre la communauté islamique et la solidarité tribale[11]. La migration des Hazara en Iran précède ces événements. Ils émigrent en Iran et dans les États du Golfe à partir des années 1960 et occupent des emplois peu qualifiés[12]. Il s’agit là d’une stratégie économique et culturelle pour un jeune homme Hazara pour assurer son indépendance financière, se marier et fonder une famille[13]. Certains sont aussi allés en Iran pour fuir la famine de 1971-1972, d’autres encore y vont comme travailleurs, marchands ou pèlerins avant l’année 1978[14].
Un document du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR) de 1992 évalue la population afghane en Iran à 2,8 millions, dont 76% sont déclarés, 14% non déclarés et 10% regroupés dans des camps[15]. En principe, les réfugiés dits « déclarés » jouissaient d’un accès gratuit à l’éducation, de soins médicaux, d’un emploi, la plupart pouvaient s’installer dans les banlieues des villes, être même propriétaires d’un logement[16]. Leur présence fut bénéfique à l’économie iranienne lors de la guerre contre l’Irak (1980-1988) et pendant la période de reconstruction qui suivit. Toutefois, la réalité est autre pour une grande majorité des Hazara qui finalement mène une vie précaire. Les observateurs d’alors font état d’une grande pauvreté des Hazara, d’une sous-nutrition et de sérieux problèmes sanitaires[17]. La nouvelle guerre civile de 1992-1996 en Afghanistan, la conquête du pays par les Talibans et l’invasion étasunienne du pays en 2001 amènent de nouveaux réfugiés.
Ce contexte géopolitique est à mettre en corrélation avec un traitement des Hazara devenu plus hostile en Iran. Les Afghans sans pièces d’identité sont notamment victimes d’expulsions collectives : 10 000 d’entre eux sont expulsés en 1999[18]. De nombreuses activités leur sont proscrites. Par conséquent, ils exercent des métiers réservés aux classes laborieuses et il leur est difficile de s’installer, avec ou sans famille, de façon stable.
La République islamique a besoin de la main d’œuvre Hazara mais fait le nécessaire pour éviter qu’ils s’installent durablement dans le pays[19]. Aujourd’hui, il existe peu de camps de réfugiés pour accueillir les familles et les Afghans sont en majorité des hommes jeunes et seuls établis en milieu urbain[20]. Il est possible d’affirmer que la politique iranienne à l’égard de la communauté Hazara est changeante au gré des besoins de Téhéran. C’est dans un climat xénophobe officiel et populaire que les cadres des Gardiens de la révolution ont décidé d’employer les Hazara et de les regrouper dans une division de combat dans la guerre en Syrie afin de réduire les pertes iraniennes et de faire face au manque de soldats (certains évitant la conscription).
Présentation de la Liwa Fatemiyoun
Si l’on se réfère à l’historiographie officielle de la République islamique, la division Fatemiyoun a été créée par Ali-Reza Tavassoli et vingt-cinq de ses coreligionnaires[21]. Ils se seraient portés volontaires pour combattre en Syrie afin de protéger la mosquée Sayyida Zaynab, un important lieu de pèlerinage chiite dans la banlieue de Damas. Ali-Reza Tavassoli aurait mobilisé pas moins de 5 000 Hazara déjà résidents à Damas[22]. Il s’est installé en Iran en 1984 pour rejoindre la brigade Abouzar[23]. A la suite du conflit contre l’Irak, Tavassoli aurait passé quelque temps en Afghanistan à lutter contre les Talibans dans les années 1990 et se trouvait au Liban pendant la guerre de 2006[24].
L’agence de presse Tasnim, organe rattaché aux Gardiens de la révolution, affirme aussi que la division Fatemiyoun a été fondée par les dirigeants de deux groupes militaires chiites afghans : Sepah-e Muhammad, un groupe soutenu par l’Iran contre les Talibans en Afghanistan dans les années 1990 et la brigade Abouzar qui a combattu aux côtés des forces militaires iraniennes contre l’Irak dans les années 1980[25].
Selon Ali Alfoneh (spécialiste de l’Iran à l’Arab Gulf States Institute), tout ceci serait en partie faux. Mais il semblerait que Tavassoli ait été présent dans les combats en Syrie puisqu’il y est mort en mars 2015[26]. Ayant été son confident, Qassem Soleimani, chef de l’unité d’élite des Gardiens de la révolution, la Force Al-Qods, se serait même rendu auprès de la famille de Tavassoli après son décès[27]. S’il est difficile de connaître avec précision la date exacte de création de la Liwa Fatemiyoun, nous pouvons trouver des preuves tangibles quant à la participation assez tôt d’Hazara dans le conflit syrien. En effet, dès le mois d’octobre 2012, un groupe rebelle a affirmé avoir capturé un combattant Hazara, Mortada Hussein[28].
Le professeur Scott Lucas, de l’université de Birmingham au Royaume-Uni, qui suit de près l’implication iranienne en Syrie fait remonter les premières milices afghanes à cette même période[29] ; Human Rights Watch fait état de premières recrues afghanes sans papiers vivant en Iran dès le mois de novembre 2013[30]. Phillip Smyth, chercheur au Washington Institute, atteste de la présence de ces combattants au sein de la milice Liwa Abou Fadl al-Abbas, formée à l’automne 2012 et composée surtout de chiites irakiens[31]. Un document vidéo obtenu par des rebelles syriens de la Liwa Dawood sur des Pasdaran tués au combat au nord d’Idlib en août 2013 montre un de leurs cadres faisant état de la présence d’Afghans en Syrie[32]. Présence confirmée au printemps 2013 dans un contexte où le Hezbollah officialisait sa présence militaire sur le théâtre syrien dès le mois d’avril 2013[33] après avoir prétendu le contraire[34] [35]. Par la suite, à travers les réseaux sociaux, l’opposition comme le pouvoir syrien diffusèrent des images d’Afghans en uniforme posant ensemble avec des armes[36]. En juillet 2013, Safer Muhammad, un Hazara tué au combat était présenté sur une affiche de martyr ; celle-ci était encadrée d’or avec les drapeaux du Hezbollah, de la Syrie et de l’Afghanistan[37]. En décembre 2013, la Tasnim News Agency annonce l’enterrement de 10 Afghans Hazara tués en Syrie[38]. C’est d’ailleurs à partir de cette date que les Afghans Hazara tués au combat sont présentés comme faisant partie de la Liwa Fatemiyoun. En 2014, l’Ayatollah Kabuli, un marja Hazara de la ville sainte de Qom, confirme le recrutement des Hazaras en Iran[39]. Il s’agit donc de confirmations officielles de l’utilisation de la communauté Hazara, qui dans le même temps, sont maintes fois contredites par d’autres officiels.
Le nombre de combattants afghans Hazara est lui aussi sujet à controverses. Le défunt commandant adjoint de la Liwa Fatemiyoun, Sayyed Hassan Husseini ou Sayyed Hakim, affirmait que la division atteignait 14 000 combattants en 2016, organisés autour de trois brigades à Damas, Hama et Alep. Elles possèdent leurs propres unités d’artillerie et de renseignement[40]. Cela démontrerait le passage du statut de brigade à celui de division en raison de sa taille et de ses capacités opérationnelles croissantes (une division militaire devrait compter entre 10 000 et 20 000 soldats)[41]. Farzin Nadimi, chercheur au Washington Institute, suggère qu’il s’agit là d’un chiffre improbable et préfère s’appuyer sur des sources occidentales faisant état d’un nombre de combattants situés autour de 3 000[42]. Human Rights Watch en comptait jusqu’à 4 000 en début février 2016. Toujours en 2016, Al-Jazeera chiffrait les Afghans Hazara à 20 000[43]. En 2017, Radio Free Europe estimait à 15 000 les combattants de la Liwa Fatemiyoun[44].
Il est donc bien difficile d’évaluer le nombre exact de combattants afghans Hazara en Syrie. Ahmad Madjidyar, chercheur au Middle East Institute avance le chiffre de 18 000[45]. En guise de comparaison, le Hezbollah aurait 5 000 combattants en Syrie, tandis que les Gardiens de la révolution seraient entre 2 500 et 3 000[46].
Ces combattants n’ont pas tous le même parcours. Environ 2 000 combattants étaient déjà présents sur le sol syrien avant le début de la guerre civile en 2011[47]. Le gros de leurs forces provient des réfugiés vivant en Iran où ils ont été recrutés, notamment à Ispahan, Mashhad, Téhéran et Qom, comme l’illustrent les funérailles publiques tenues en République islamique de novembre et décembre 2013[48]. Enfin, Téhéran recrute directement en Afghanistan.
Les méthodes de recrutement
Les premières informations faisant état de recrutement en Afghanistan remontent à 2013, après que des dizaines de combattants afghans Hazara eurent reçu des funérailles en Iran[49]. À Kaboul, certains chefs de la communauté chiite affirment que la campagne de recrutement est coordonnée directement par l’ambassade iranienne dans la capitale afghane[50]. Celle-ci fournirait des visas à plusieurs centaines d’individus chaque mois pour combattre en Syrie[51]. En août 2016, les autorités afghanes ont arrêté un responsable iranien accusé de recruter des Afghans pour les envoyer en Syrie[52]. Qurban Ghalambor, l’homme arrêté, serait un représentant du guide Ali Khamenei[53]. Le Basij (force paramilitaire rattachée aux Pasdaran) aurait ouvert un quartier général à Herat en septembre 2015 pour endoctriner et recruter des Afghans[54]. Pour déplacer les Hazara, les Iraniens utilisent des couvertures. Un journal afghan, Hasht-e Sobh, rapporte que certaines entreprises touristiques aident à transférer des Hazara de Kaboul et Herat vers l’Iran pour qu’ils soient formés et déployés en Syrie[55]. Pour motiver les Afghans à rejoindre le front en Syrie, les Gardiens de la révolution leur promettraient la nationalité iranienne, un logement et une certaine somme d’argent[56].
Alors que les officiels iraniens ont maintes fois refusé de reconnaître l’utilisation d’Afghans dans le conflit syrien, en mars 2016, l’ayatollah Ali Khamenei a rencontré des familles d’Afghans tués en Syrie et a fait l’éloge de leur « sacrifice »[57]. Cette reconnaissance officielle continue en mai 2016 lorsque le parlement iranien vote une loi pour fournir la citoyenneté aux « familles de martyrs étrangers » décédés pour défendre les intérêts iraniens ; une loi qui s’appliquerait donc aux Afghans qui combattent en Syrie[58]. Dans le courant de l’année 2017, les autorités iraniennes ont rebaptisé des rues pour rendre hommage aux Hazara, tandis que les médias d’État ont glorifié les combattants morts et ont célébré leurs « sacrifices »[59].
Les Pasdaran recrutent également en Iran parmi les réfugiés Hazara vivant dans le pays. Certaines restrictions imposées aux Afghans sans documents de résidence légale ont été levées en raison de leur rôle dans la guerre en Syrie[60]. La loi votée par le parlement iranien en 2016 a suscité de vives réactions en Afghanistan : « la décision actuelle de l’Iran viole les lois internationales et les droits de l’homme parce qu’elle exploite la situation délicate traversée par l’Afghanistan et envoie nos compatriotes en Syrie, en Irak et au Yémen en échange de la citoyenneté et autres incitations financières », a déclaré le député afghan Obaidullah Barekzai[61].
Ainsi, les Pasdaran recruteraient des réfugiés Hazara démunis et sans papiers en leur offrant une résidence permanente, une aide financière et divers avantages pour leurs familles. D’autres rejoindraient les troupes en Syrie pour échapper à des peines de prison. Comme le rapporte le journaliste Christoph Reuter (Der Spiegel), un certain Murad s’est rendu en Iran sans document d’identité valide et a travaillé illégalement dans une carrière jusqu’à ce qu’il soit arrêté en septembre 2013[62]. Il est incarcéré au sein de la prison d’Evin à Téhéran, où il aurait reçu la visite d’un Pasdaran qui l’aurait enjoint à partir en Syrie pour deux mois en échange de quoi il pourrait obtenir un permis de résidence et sa peine de prison serait supprimée[63].
D’autres seraient recrutés dans les mosquées par des Gardiens de la révolution[64]. En échange d’un passeport, les Pasdaran les pousseraient à rejoindre la Syrie pour aider à défendre les sanctuaires chiites contre l’« État islamique »[65]. Si les personnes ne se montrent pas intéressées, les Pasdaran les emmèneraient de force en les menaçant d’expulsion vers l’Afghanistan ou d’un séjour en prison[66]. De toutes ces promesses, peu d’entre elles sont respectées ; concernant les titres de séjours, certaines sources montrent qu’il s’agit en réalité d’un document d’identité de résidence temporaire[67].
L’Iran semble donc inciter les réfugiés et les migrants Hazara à se battre en Syrie. Il semblerait aussi que des mineurs soient recrutés. Human Rights Watch rapporte qu’un garçon de 17 ans a été arrêté à Téhéran avec son cousin du même âge. Le premier garçon a été contraint de suivre un entraînement militaire et de se battre en Syrie, alors que son cousin, jugé inapte au service militaire, a été expulsé[68]. Deux garçons afghans, âgés de 16 et 17 ans, ont déclaré avoir combattu en Syrie, d’autres rapportent même que des enfants de 12 ans sont présents sur le front en Syrie[69]. Rappelons que le droit international interdit aux forces gouvernementales comme aux groupes non étatiques de recruter et d’utiliser des enfants de moins de 18 ans dans des situations de guerre. Le droit iranien n’est pas non plus respecté puisque la conscription pour l’armée iranienne est limitée aux seuls ressortissants iraniens. La conscription d’étrangers est donc illégale.
D’autres Afghans ont déclaré à Human Rights Watch qu’ils avaient été arrêtés par les autorités iraniennes et qu’ils avaient le choix entre l’expulsion et les combats en Syrie[70]. D’autres encore ont déclaré qu’ils s’étaient portés volontaires pour recevoir un entraînement militaire ou pour combattre en Syrie afin de pouvoir régulariser leur situation en Iran[71]. La position juridique vulnérable des Hazara en Iran et la crainte d’être expulsés contribuent au fait qu’ils rejoignent les rangs de la Liwa Fatemiyoun.
Les autorités iraniennes ont également mis en avant un récit religieux de défense des sanctuaires chiites pour encourager les nouvelles recrues et par là aussi justifier leur présence en Syrie. Par conséquent, certains Afghans se battent volontairement pour des raisons religieuses, désireux de défendre un sanctuaire chiite en Syrie[72]. D’autres se battent pour gagner de l’argent ou dans l’espoir, en cas de survie, d’obtenir la citoyenneté promise, la scolarisation des enfants et un emploi[73]. Certaines sources affirment que les Afghans reçoivent 450 dollars de salaire mensuel[74]. Globalement, les salaires octroyés par les Pasdaran se situeraient entre 500 et 1 000 dollars par mois. A cause d’un chômage lié à la récession économique et aux sanctions imposées à l’Iran, certains Hazara préfèrent être envoyés sur le front en Syrie[75].
Cependant, Ahmad Madjidyar rappelle que tous les Afghans ne se battent pas en Syrie pour de l’argent ou un statut légal. Certains vont aussi en Syrie pour des raisons idéologiques, religieuses et politiques. Son analyse des profils des commandants supérieurs de la Liwa Fatemiyoun montre qu’ils ne sont ni pauvres ni résidents illégaux[76]. Il relève pour certains qu’ils sont nés en Iran, ont étudié dans des séminaires religieux à Qom et entretiennent des liens de longue date avec les Pasdaran. Il prend l’exemple d’un certain Sayed Mohammad Mehdi Hashemi-Nejad, un étudiant Hazara, né à Mashhad, qui a suivi des séminaires religieux à Qom, avant de trouver la mort à Palmyre en 2016. Son père, un hojatoleslam, Sayed Habibollah Hashemi-Nejad, était enseignant dans un séminaire à Qom.
Avant d’envoyer ces Afghans sur le front, l’Iran leur dispense une formation militaire tant sur son sol qu’en Syrie.
Un simulacre d’entraînement ?
Le corps des Gardiens de la révolution forme pendant quatre semaines les Afghans avant le déploiement de ces combattants au sein de la Liwa Fatemiyoun[77]. Cette formation a lieu dans des bases d’entraînement spécial en Iran. Les agences de renseignement étasuniennes ont identifié neuf camps d’entraînement en Iran où des Afghans et des Pakistanais sont formés[78]. Ahmad Madjidyar (chercheur à l’American Enterprise Institute) fait état d’un Afghan rentré de Syrie qui affirme avoir été entraîné dans un quartier général militaire dans la province iranienne de Yazd avant d’être transféré dans le centre militaire Imam Hossein Khanteman dans la région d’Alep[79].
Certaines sources étasuniennes indiquent qu’il y a peu de détails concernant ces formations des combattants Hazara, celles-ci s’articuleraient autour de la pratique de l’utilisation d’armes et d’explosifs, ainsi que des techniques d’entraînement militaire de base[80].
D’autres sources font état d’une formation de base de vingt à trente jours à Qarchak, au sud-ouest de Téhéran[81]. Toutefois, une partie de la haute direction des Fatemiyoun a commencé par combattre avec la Brigade Abouzar des Pasdaran lors de la guerre Iran-Irak. Certains ont même reçu une formation dans l’armée nationale afghane et au sein des forces de police qui étaient alors supervisées par des conseillers étasuniens et/ou de l’OTAN[82].
Après leur formation, les combattants Hazara sont transportés par avion jusqu’en Syrie. Là, des instructeurs du Hezbollah donnent des cours de tir d’élite aux Afghans, entraînent des forces spéciales avec des armes en vision nocturne, mais aussi à la surveillance de cibles[83]. Par ailleurs, des tireurs d’élite Hazara s’entraîneraient à Hama, dans le sud de la Syrie[84].
Parmi les défections subies par la Liwa Fatemiyoun, des anciens soldats déclarent avoir reçu un maximum de trois semaines d’entrainement en Iran avant leur déploiement en Syrie[85]. Une fois sur place, les Afghans sont surtout envoyés comme « chair à canon » tant par la formation rudimentaire qu’ils ont suivie que par leur position sur les divers champs de batailles. Ahmad Shuja, un ancien chercheur en Afghanistan pour Human Rights Watch, révèle que les combattants de la Liwa Fatemiyoun affirment eux-mêmes ne jamais avoir été déployés dans les zones urbaines pour maintenir la paix ou pour protéger les sanctuaires sacrés qu’ils sont censés protéger.
Le déroulement des combats
Les combattants Hazara sont engagés dans de nombreuses régions de Syrie, notamment à Damas, Alep, Homs, Deir al-Zor, Hama, Lattaquié et dans les zones à proximité du plateau du Golan occupé par les Israéliens[86]. Ils mènent des opérations contre des cibles de l’organisation « État islamique » avec des armes automatiques légères et sans aucun soutien d’artillerie[87]. Des commandants iraniens menaceraient d’abattre les combattants réticents s’ils ne respectent pas les ordres[88]. La Liwa Fatemiyoun est donc une force destinée à supporter le poids des diverses offensives en Syrie. Selon le témoignage d’un Afghan recueilli par Fariba Sahraei, journaliste à la BBC, ils seraient aussi dépourvus de nourriture et d’eau avant les combats[89]. L’homme affirme appartenir à une infanterie légère qui devait marcher 20 à 30 km avant d’affronter l’ennemi[90]. Une fois le terrain de l’ennemi conquis, ils devaient le remettre aux militaires syriens[91].
Christoph Reuter (Der Spiegel) rapporte le témoignage d’un Hazara allant dans le même sens[92]. Cet homme, après avoir suivi un entraînement à la kalachnikov dans différentes bases militaires près de Téhéran, a été envoyé dans une base militaire à la périphérie d’Alep, puis près du sanctuaire de Sayyida Zaynab, au sud de Damas. Une nuit, il est armé avec quelques 300 Afghans pour se rendre à pied et prendre d’assaut un bâtiment de plusieurs étages, sous la menace des officiels iraniens qui leur ordonnaient de garder la position à tout prix au risque de se faire décapiter par les hommes de l’ « État islamique ».
De nombreux autres témoignages sont disponibles et rapportent la description de combats de jeunes adolescents envoyés en première ligne[93]. De ces enfants émergent des combattants montant dans la hiérarchie de la division, ce qui est le cas de Reza Ismaeli, qui fut le premier commandant de Liwa Fatemiyoun à 19 ans, et tué en décembre 2013[94]. À cette période, le recrutement d’Afghans s’accélère, et les rebelles syriens font leurs premiers prisonniers à l’automne 2014[95]. La Liwa Fatemiyoun serait une unité de 450 hommes répartis en 3 compagnies de 150[96]. Là encore, les sources se contredisent : certaines affirment que la brigade comptait 2 500 combattants à cette date pour atteindre les 7 000 en 2015[97].
Toujours est-il qu’en 2015 l’implication des Hazara prend de l’ampleur. Les Pasdaran produisent un documentaire en Iran sur cet engagement en Syrie qui révèle la participation des Hazara à la bataille de Mleha, dans l’est de la Ghouta de Damas, au printemps 2014[98]. Le commandant de la brigade Fatemiyoun d’alors, Ali-Reza Tavassoli, est tué en mars 2015, près de Deraa, dans le sud de la Syrie[99]. C’était un vétéran de la guerre Iran-Irak, très apprécié de Qassem Soleimani, commandant de la force Al-Qods[100].
En mai 2015, les Iraniens estiment à 200 les Afghans morts en Syrie[101]. Et en octobre 2015, Reza Khavari, un des officiers généraux des Pasdaran qui commandait la brigade Liwa Fatemiyoun, est tué dans le nord de la province de Hama[102]. Mostafa Sadrzadeh, un Pasdaran du même grade, est également tué à cette date[103].
En cette année 2015, la brigade Fatemiyoun serait passée au rang de division en raison du nombre de ses combattants, ce qui en fait l’un des contingents étrangers aux côtés de l’État syrien les plus nombreux avec le Hezbollah[104].
Début février 2016, la Liwa Fatemiyoun est présente à Palmyre et lors de l’offensive de l’armée syrienne au nord-ouest d’Alep. Opération qui conduit à lever le blocus des enclaves chiites de Zahra et Nubl assiégées par les rebelles[105].
Quelques mois plus tard, en juin 2016 à Palmyre, Hosseini, le commandant adjoint de la division est tué sur le front[106]. Hosseini confirme le nombre de 14 000 hommes au sein de la division organisés en 3 brigades basées à Damas, Hama et Alep[107]. La division aurait ses propres unités de blindés, d’artillerie et de renseignement. Les combattants Hazara auraient des chars de combat T-72 ou 9 T-72M1, ainsi qu’un blindé de dépannage BREM-1, « soit 3 pelotons de 3 chars de combat, c’est-à-dire l’effectif théorique d’un escadron de char, moins le char de commandement » selon Stéphane Mantoux[108]. Ce dernier fait état de sources montrant des combattants Afghans en novembre 2016 « manipulant des obusiers D-20 de 152 mm, ce qui confirme que l’unité dispose de sa propre artillerie »[109]. En effet, dans des images du Hezbollah, des Pasdaran ou de médias iraniens, on voit des combattants afghans manipuler divers matériels d’artillerie, comme le canon M-46 (130 mm) ou le D-30 (122 mm)[110].
Engagée à Alep et Palmyre, la Liwa Fatemiyoun a subi d’importantes pertes. En décembre 2016, elles étaient estimées à plus de 500 morts[111]. Le 10 décembre 2016, à la veille de la chute de Palmyre, la Liwa Fatemiyoun aurait envoyé ses forces spéciales[112]. L’unité aurait déployé 4 bataillons sur place depuis la reprise de la ville en mars 2016, soit 1 200 hommes[113]. En janvier 2017, Hossein Yekta, un cadre des Gardiens de la révolution, fait état de 18 000 Afghans combattant en Syrie[114]. En mars 2017, les Hazara auraient été déployés par le pouvoir syrien pour contrer l’offensive rebelle au nord de Hama[115].
Depuis le début de l’implication des Hazara dans le conflit syrien jusqu’au 19 avril 2017, Ali Alfoneh évoque un total de 619 Afghans tués ; après le Hezbollah, la Liwa Fatemiyoun est le contingent étranger pro-Damas à avoir subi le plus de pertes[116].
Pour l’après avril 2017, il est difficile de trouver des sources tangibles concernant les diverses actions de la division des Fatimides en Syrie. Néanmoins, quasiment un an après, en janvier 2018, des sources officielles iraniennes évoquent un total de 2 000 morts et 8 000 blessés afghans depuis le début du conflit syrien[117]. Ces chiffres montrent l’ampleur de l’engagement des Hazara pour défendre les intérêts iraniens.
Les funérailles
En décembre 2013, la Tasnim News Agency révèle que les corps de 10 Afghans morts en Syrie ont été envoyés en Iran pour être enterrés dans les villes de Mashhad, Ispahan, Téhéran et Qom[118]. A Qom, les funérailles de deux combattants, Ibrahim Rezai et Najibullah Mirzai, ont été accompagnées par de nombreux réfugiés afghans[119].
De septembre 2013 à décembre 2016, il y a eu 513 funérailles[120]. Ce nombre ne reflète pas l’entière réalité dans la mesure où les corps abandonnés, les disparus et les prisonniers ne sont pas pris en compte. De plus, dans les premiers mois de leur engagement, les Hazaras ne bénéficiaient pas de funérailles ; c’est face à la diminution de leur enrôlement que l’Iran s’est décidé à offrir certaines garanties. C’est aussi dans ce but qu’en mai 2016, le Majlis, le parlement iranien, adopte une loi accordant la citoyenneté iranienne aux familles d’étrangers tués au combat dans la défense des intérêts de l’Iran[121]. Par ailleurs, les autorités iraniennes ont rebaptisé des rues pour rendre hommage aux combattants afghans. Les médias d’État ont souligné leurs « sacrifices » tout en les célébrant en « martyrs »[122]. Des images montrent le général Qassem Soleimani supervisant l’effort de guerre, priant et s’adressant aux combattants afghans près de la frontière syro-irakienne en juin 2017[123].
Le traitement des victimes en Syrie par les médias iraniens montre que leur nombre a considérablement augmenté entre 2015 et 2017. Le 22 novembre 2016, Mohammad Ali Shahidi Mahlati, le directeur de la Bonyad-e Shahid va Umoor Esaargaran (la Fondation des martyrs et des vétérans) reconnaît la mort de plus de 1 000 « défenseurs des sanctuaires »[124]. Il s’agit là de la terminologie officielle pour désigner les combattants afghans. Là encore le nombre réel est sûrement plus élevé car de nombreux Hazara qui sont rentrés de Syrie affirment que les cadavres de leurs camarades n’ont pas été retrouvés[125].
Depuis, les Gardiens de la révolution organisent régulièrement des funérailles pour les Afghans tués en Syrie. De hauts dignitaires de l’Etat et des militaires iraniens ont participé aux cérémonies d’enterrement des victimes afghanes, y compris des responsables de la Bonyad-e Shahid va Umoor Esaargaran, ce qui indiquerait que le gouvernement iranien verse une compensation financière aux familles des victimes[126]. Comme indiqué précédemment, au mois de janvier 2018, on dénombrait plus de 2 000 Hazara tués et 8 000 blessés en Syrie[127].
Pour la période de janvier 2012 à janvier 2018, Ali Alfoneh, sur la base d’articles de presse sur les processions funéraires, dénombre un total de 841 Afghans tués et enterrés[128]. Naturellement, ces chiffres sont une estimation, mais ils révèlent que moins de la moitié des Afghans tués au combat bénéficient de funérailles, ce qui explique que, sans une preuve officielle de la mort de l’un des leurs, beaucoup de familles ne peuvent obtenir de rétribution ou encore des documents de résidence légale. Des corps seraient envoyés sans cercueil et sans perspective de tombe en Iran ou en Afghanistan pour des cérémonies funéraires dans des mosquées[129]. Beaucoup de corps seraient renvoyés en Iran et disparaitraient par la suite[130].
En février 2017, l’Iran a ouvert un complexe destiné à l’accueil des familles des combattants afghans morts au combat[131]. Il s’agit de résidences gratuites situées à la périphérie de Téhéran et financées par l’une des fondations les plus pérennes d’Iran, la Astan Quds Razavi, qui supervise également le sanctuaire de l’Imam Reza dans la ville de Mashhad[132]. Le directeur de la Fondation, l’ayatollah Ebrahim Raisi, candidat déchu de l’élection présidentielle de 2017 (et selon certaines rumeurs, futur Guide suprême), a assisté à la cérémonie d’ouverture du complexe d’appartements dans la ville de Bagher Shahr[133].
Raisi a déclaré qu’offrir un soutien aux « familles de martyrs » renforçait le moral des « défenseurs des sanctuaires ». Là encore, nous trouvons une action officielle destinée à favoriser le recrutement d’Afghans pour les envoyer en Syrie[134].
Conclusion : le futur de la Liwa Fatemiyoun
Le 21 novembre 2017, lors d’un discours diffusé en direct à la télévision publique, le président iranien Hassan Rohani proclame la fin de l’ « État islamique »[135]. Cette défaite a également été proclamée par le général Qassem Soleimani, dans un message envoyé au Guide suprême et diffusé par Sepah News, le site internet des Gardiens de la révolution[136]. Toutefois, fin mars 2017, le groupe « État islamique » menaçait l’Iran d’attaques sur son sol dans une vidéo intitulée « La Perse, entre hier et aujourd’hui », essentiellement en farsi[137].
En juin 2017, la menace est mise à exécution, Daech revendiquant les attentats au Majlis et au mausolée du fondateur de la République islamique[138]. Si l’organisation terroriste ne jouit plus d’une véritable assise territoriale, les menaces et les attaques demeurent dans la nouvelle clandestinité qui est la sienne.
En Syrie, les combats sont toujours en cours entre les divers protagonistes et la Liwa Fatemiyoun y est encore présente. D’ailleurs, elle subit une défaite en juin 2018 près de Deir ez-Zor.
Les conséquences de la présence des Hazara en Syrie pour la défense des intérêts iraniens se font déjà ressentir en Afghanistan. La branche sud-asiatique de l’ « État islamique » a frappé plusieurs fois les communautés chiites afghanes, accusées de les combattre en Syrie. 550 attaques terroristes ont fait environ 2 300 victimes en Afghanistan[139].
La question du futur de la Liwa Fatemiyoun est essentielle. Que deviendra cette division lorsque ses combattants commenceront à se retirer de Syrie ? L’Iran ou l’Afghanistan leur accorderont-ils un statut semblable aux Hashd al-Shabi (Forces de mobilisation populaire) en Irak ? Ces forces paramilitaires sont maintenant une composante des Forces armées irakiennes. Ou l’Iran formera-t-il une nouvelle organisation paramilitaire dans le pays ? Toutes ces questions alimenteront les craintes des théoriciens d’un prétendu « arc chiite » bénéficiant à l’Iran.
Jahiz Guemriche
[1] « L’État islamique reprend une ville-clé de l’est de la Syrie, après une importante offensive », Le Monde, 08/06/2018.
[2] « Le régime a repris Boukamal, la dernière ville aux mains de l’EI en Syrie », L’Orient Le Jour, 08/11/2017.
[3] « Syrie : replié dans le désert, l’État islamique multiplie les offensives », France Soir, 11/06/2018.
[4] Alessandro Monsutti, « Itinérances transnationales : un éclairage sur les réseaux migratoires afghans », Critique internationale, 2009/3 (n° 44), p. 85.
[5] Idem, p. 86.
[6] Tina Gehrig, Monsutti Alessandro, « Territoires, flux et représentations de l’exil afghan : le cas des Hazaras et des Kaboulis », A contrario, 2003/1 (Vol. 1), p. 65.
[7] Fariba Adelkhah, Zuzanna Olszewska, « The Iranian Afghans », Iranian Studies, 40 (2), 2007, pp. 137-165.
[8] Fariba Adelkhah, Zuzanna Olszewska, « Les Afghans iraniens », Les Etudes du CERI, N°125, 2006, p. 2.
[9] Idem, p. 4.
[10] Alessandro Monsutti, « Au-delà de l’ethnicité et de la parenté en Afghanistan : une approche ethnographique des liens transversaux de coopération », Cahiers d’Asie centrale [En ligne], 19-20 | 2011, mis en ligne le 01 janvier 2012, p. 160.
[11] Idem.
[12] Fariba Adelkhah, Zuzanna Olszewska, op. cit., Les Etudes du CERI, N°125, 2006, p. 6.
[13] Idem.
[14] Idem, p. 7.
[15] UNHCR, « Report from refugees in Iran–NGO seminar », juillet 1992, p. 4.
[16] Fariba Adelkhah, Zuzanna Olszewska, op. cit., Les Etudes du CERI, N°125, 2006, p. 9.
[17] Idem.
[18] Idem, p. 10.
[19] Tina Gehrig, Monsutti Alessandro, op. cit., A contrario, 2003/1 (Vol. 1), p. 67.
[20] Idem.
[21] Ali Alfoneh, « Tehran’s Shia Foreign Legions », Carnegie Endowment For International Peace, 30/01/2018.
[22] Idem.
[23] Idem.
[24] Idem.
[25] Ahmad Madjidyar, « Iran Recruits and Trains Large Numbers of Afghan and Pakistani Shiites », The Middle East Institute, 18/01/2017.
[26] « Iran mourns 7 Afghans killed fighting for Damascus ally », The Daily Star Lebanon, 03/03/2015.
[27] Ahmad Madjidyar, op. cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[28] Phillip Smyth, « Iran’s Afghan Shiite Fighters in Syria », The Washington Institute For Near East Policy, 03/06/2014.
[29] Fariba Sahraei, op. cit., BBC Persian, 15/04/2016.
[30] Human Rights Watch, « Iran Sending Thousands of Afghans to Fight in Syria. Refugees, Migrants Report Deportation Threats », 29/01/2016.
[31] Stéphane Mantoux, « Bataille d’Alep: Liwa Fatemiyoun, ces miliciens afghans chiites qui se battent pour le régime de Damas », France soir, 09/12/2016.
[32] Nicholas Blanford, « Leaked video : Iran guiding thousands of Shiite fighters to Syria », The Cristian Science Monitor, 23/09/2013.
[33] Phillip Smyth, op.cit., The Washington Institute For Near East Policy, 03/06/2014.
[34] Hezbollah uses its military power in a contradictory manner, The Daily Star Lebanon, 23/10/2012.
[35] Hezbollah Commits to an All-Out Fight to Save Assad, The New York Times, 25/05/2013.
[36] Idem.
[37] Hezbollah Commits to an All-Out Fight to Save Assad, The New York Times, 25/05/2013.
[38] David Kenner, « Afghan Militants Join Syria’s Civil War, As If It Wasn’t Awful Enough », Foreign Policy, 04/12/2013.
[39] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[40] Farzin Nadimi, « Iran’s Afghan and Pakistani Proxies: In Syria and Beyond? », The Washington Institute For Near East Policy, 22/08/2016.
[41] Ahmad Madjidyar, op. cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[42] Idem.
[43] Hashmatallah Moslih, « Iran ‘foreign legion’ leans on Afghan Shia in Syria war », Al Jazeera, 22/01/2016.
[44] Frud Bezhan, « Iran Aims To Boost Prestige Of Beleaguered Afghan Proxy Force In Syria », Radio Free Europe, 16/07/2017.
[45] Ahmad Madjidyar, op. cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[46] Ali Alfoneh et Michael Eisenstadt, « Iranian Casualties in Syria and the Strategic Logic of Intervention », The Washington Institute For Near East Policy, 11/03/2016.
[47] Phillip Smyth, op.cit., The Washington Institute For Near East Policy, 03/06/2014.
[48] Idem.
[49] Louisa Loveluck, « Iran promises to back Assad ‘until the end of the road’ », The Telegraph, 02/06/2015.
[50] Louisa Loveluck, op. cit., The Telegraph, 02/06/2015.
[51] Idem.
[52] Ahmad Madjidyar, op. cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[53] Idem.
[54] Idem.
[55] Idem.
[56] Scott Peterson, « Iran steps up recruitment of Shiite mercenaries for Syrian war », The Christian Monitor, 12/06/2016.
[57] Idem.
[58] Idem.
[59] Frud Bezhan, « Iran Aims To Boost Prestige Of Beleaguered Afghan Proxy Force In Syria », Radio Free Europe, 16/06/2017.
[60] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[61] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[62] Christoph Reuter, « The Afghans Fighting Assad’s War », Der Spiegel, 11/05/2015.
[63] Idem.
[64] Fariba Sahraei, « Syria war : The Afghans sent by Iran to fight for Assad », BBC Persian, 15/04/2016.
[65] Idem.
[66] Idem.
[67] Idem.
[68] Human Rights Watch, « Iran Sending Thousands of Afghans to Fight in Syria. Refugees, Migrants Report Deportation Threats », 29/01/2016.
[69] Idem.
[70] Human Rights Watch, op. cit., 29/01/2016.
[71] Idem.
[72] Scott Peterson, op. cit., The Christian Monitor, 12/06/2016.
[73] Idem.
[74] Farzin Nadimi, op. cit., The Washington Institute For Near East Policy, 22/08/2016.
[75] Hashmatallah Moslih, « Iran foreign legion leans on Afghan Shia in Syria war », Al Jazeera, 22/01/2016.
[76] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[77] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[78] Idem.
[79] Idem.
[80] Bill Gertz, « U.S. Identifies Nine Training Camps in Iran for Afghans », The Washington Free Beacon, 01/07/2016.
[81] Farzin Nadimi, op. cit., The Washington Institute For Near East Policy, 22/08/2016.
[82] Idem.
[83] Frud Bezhan, op. cit., Radio Free Europe, 16/06/2017.
[84] Idem.
[85] Idem.
[86] Human Rights Watch, op. cit., 29/01/2016.
[87] Idem.
[88] Idem.
[89] Fariba Sahraei, op. cit., BBC Persian, 15/04/2016.
[90] Idem.
[91] Idem.
[92] Christoph Reuter, op. cit., Der Spiegel, 11/05/2015.
[93] Sune Engel Rasmussen et Zahra Nader, « Iran covertly recruits Afghan Shias to fight in Syria », The Guardian, 30/06/2016.
[94] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[95] Idem.
[96] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[97] Dominique Cettour Rose, « Des Afghans chiites, réfugiés en Iran, participent à la guerre en Syrie », France Info, 04/02/2016.
[98] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[99] « En Syrie, des Afghans chiites combattent pour le compte de l’Iran », Le Monde, 01/02/2016.
[100] Idem.
[101] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[102] National Council of Resistance of Iran, « Iran : Regime’s Toll Increased in the Clashes in Syria », 04/11/2016.
[103] National Council of Resistance of Iran, « Iran : List of IRGC commanders killed in Syria », 25/10/2015.
[104] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[105] Idem.
[106] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[107] Idem.
[108] Idem.
[109] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[110]« Mourir pour Assad », Historicoblog, 01/05/2017.
[111] « Plus de 2.000 combattants chiites afghans ont été tués en Syrie », Zone militaire Opex360.com, 07/01/2018.
[112] op. cit., Historicoblog, 01/05/2017.
[113] Idem.
[114] Idem.
[115] op. cit., Historicoblog, 01/05/2017.
[116] Ali Alfoneh, « Shia Afghan Fighters in Syria », The Atlantic Council, 19/04/2017.
[117] « More than 2,000 Afghans sent by Iran killed in Syria », The Defense Post, 06/01/2018.
[118] David Kenner, « Afghan Militants Join Syria’s Civil War, As If It Wasn’t Awful Enough », Foreign Policy, 04/12/2013.
[119] Idem.
[120] Stéphane Mantoux, op. cit., France soir, 09/12/2016.
[121] Maija Liuhto, « Les manœuvres de l’Iran éveillent l’hostilité de ses alliés naturels en Afghanistan », Middle East Eye, 24/05/2016.
[122] Frud Bezhan, op. cit., Radio Free Europe, 16/06/2017.
[123] Idem.
[124] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[125] Idem.
[126] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017.
[127] « More than 2,000 Afghans killed in Syria fighting for Bashar al-Assad : Official », Middle East Eye, 06/01/2018.
[128] Ali Alfoneh, op. cit., Carnegie Endowment For International Peace, 30/01/2018.
[129] « ‘Just About Money’: Iran Recruits Afghans For Syria Fight », Radio Farda, 24/10/2017.
[130] Sune Engel Rasmussen et Zahra Nader, op. cit., The Guardian, 30/06/2016.
[131] Golnaz Esfandiari, « Iran Devotes Complex To Housing Families Of Fallen Afghan Troops », Gandhara, 02/03/2017.
[132] Golnaz Esfandiari, op.cit., Gandhara, 02/03/2017.
[133] Idem.
[134] Golnaz Esfandiari, op.cit., Gandhara, 02/03/2017.
[135] « Le président iranien Rohani proclame la fin de l’État islamique », Reuters, 21/11/2017.
[136] Idem.
[137] Maxime Macé, « Attentats en Iran : Daech avait menacé le pays dans une vidéo de propagande fin mars », France Soir, 07/06/2017.
[138] Louis Imbert, « Pourquoi l’organisation État islamique a frappé l’Iran », Le Monde, 07/06/2017.
[139] Ahmad Madjidyar, op.cit., The Middle East Institute, 18/01/2017
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